• Le chapeau

    Comment concilier le désir de conserver le plus longtemps possible la gratuité de l'accès aux spectacles et l'augmentation du budget due à l'amélioration de la qualité de la programmation ? Cette question récurrente a fait l'objet de nombreuses discussions au sein de l'équipe organisatrice. En 2014, nous avons décidé d'augmenter l'autofinancement en suscitant une participation libre. Conscients que la technique dite du "chapeau" était basée sur la prodigalité des festivaliers, nous devions faire en sorte que ce réceptacle à espèces sonnantes et trébuchantes se repère de loin. D'où l'idée de construire un gros chapeau, un galurin haut en couleurs qui invite au don, au mécénat anonyme, au versement généreux de piécettes et de belles images. Un tonneau plastique décapité, un disque de bois en guise de rebord, le tout entouré de grillage à poules : il ne restait plus qu'à couvrir le tout de papier mâché. Jour après jour, les couches se sont superposées jusqu'à donner à l'ouvrage les lignes et les courbes adéquates. Si une fente permettait bien à l'objet d'absorber, de recevoir, d'ingurgiter, aucun dispositif n'avait été prévu pour la restitution du pactole supposé. Faire appel au cabinet d'experts CYJELO a permis de solutionner le problème. Après de multiples calculs d'une complexité inouïe, une petite trappe a été ajoutée au couvre chef. Cette opération exécutée, et une fois le papier bien séché, deux couches de peinture ont redonné une virginité à l'ensemble. Sollicité, le peintre local Michel Julliard, chantre de la figuration libre et ami de l'association, a accepté de peindre la tirelire festivalière. Merci à lui. Désormais doté d'une parure chatoyante et repérable, le haut de forme chamarré devait acquérir une nécessaire mobilité. Objectif atteint avec la réquisition de la brouette de Louis, vraisemblablement achetée à Manufrance pour ceux qui s'en souviennent. Une fois peinte en vert pétard, celle-ci s'est fait un plaisir de véhiculer l’œuvre d'art, visiblement ravie d'oublier un temps les travaux de la ferme. Si vous passez au festival, vous l'apercevrez surement, ce fameux chapeau. Il attend de vous un petit geste qui, joint à des centaines d'autres, permettra à "la calade en fête" de continuer sa route.

     

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